Découvrez ma lettre à ma famille politique

Madame la Présidente, Chère Sarah, Chères et chers Camarades,

La démission de notre camarade Rebecca Ruiz m’a beaucoup attristé et j’espère vivement qu’elle retrouvera dès que possible sa pleine santé. Je sais que sa décision n‘a pas été facile à prendre et j’aimerais ici lui exprimer mon amitié, mon affection et mon respect. Et aussi remercier Nuria Gorrite et Vassilis Venizelos pour le soutien qu’ils lui ont apporté.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre canton est dans une mauvaise passe, et cela dans un contexte mondial très sombre.

La situation institutionnelle et financière est extrêmement préoccupante. Je souffre de voir mon canton s’enfoncer de plus en plus dans la paralysie. 

Les manifestantes et les manifestants, beaucoup de fonctionnaires, mais aussi les usagères et les usagers des services publics, ont raison de protester. C’est leur outil de travail et leur motivation que l’on cherche à casser. Et leur colère est d’autant plus légitime que la majorité de droite du Conseil d’Etat a refusé d’ouvrir un processus de dialogue et de négociation. Sans un changement de cap rapide, les services publics seront profondément affaiblis, hypothéquant ainsi les solidarités et l’avenir du canton. 

Plus largement, je pense aux Vaudoises et aux Vaudois qui en ont assez de la crise institutionnelle du canton et qui espèrent une politique dans l’intérêt général. 

Après quelques jours de réflexion, j’ai décidé de déposer ma candidature à la candidature au Conseil d’Etat pour porter nos valeurs de gauche. Soyons clair : sans une gauche forte, il ne sera pas possible de remettre le canton sur les rails, et je suis conscient de la grande difficulté de la tâche.

Sans prétendre à l’exhaustivité d’analyse – cela nécessitera un échange avec les spécialistes du Parti et de l’administration – il m’apparaît clairement que les baisses fiscales, qui se cumulent désormais à 550 millions par an, sont la principale cause du déficit. Nous sommes principalement confrontés à une crise des recettes. Il faudra donc agir sur ce levier plutôt que de démotiver la fonction publique avec des baisses salariales et des baisses de prestations dans les services publics.

Pour commencer, il conviendra donc de rejeter l’initiative extrémiste dite « des 12% ». En répétant les erreurs qui ont plombé le canton depuis 2023, cette proposition aggraverait massivement la situation.

Du côté des charges :  dans la plupart des secteurs, elles ne croissent pas plus vite que la production de richesse dans le canton. Elles me semblent donc maitrisées, ce qui confirme qu’il n’y a aucune raison de sabrer dans le CHUV, les hôpitaux régionaux ou les autres services publics.  En revanche, il est clair qu’il faudra modérer la hausse des coûts dans une partie du domaine ambulatoire commercial, pour contenir la hausse des primes.

Par chance, l’Etat dispose de quelques réserves. Il n’est donc absolument pas nécessaire d’agir de manière brutale comme le préconise la majorité du Conseil d’Etat. En particulier, il n’y pas d’inconvénient à financer l’investissement en s’endettant. Mais il convient aussi d’être clair et déterminé : il ne sera pas possible de rétablir le petit équilibre du budget de fonctionnement sans recettes nouvelles. Et il faudra réaliser des gains d’efficacité, dans le but de préserver au mieux les prestations.

Pour contribuer à redresser le canton et à lui redonner les perspectives dont il a besoin, je dispose de quelques atouts, à commencer par une bonne compréhension des enjeux économiques, fiscaux et financiers. A de nombreuses reprises, j’ai été le fer de lance de la lutte contre les baisses fiscales, en particulier contre la sinistre RIE III fédérale. Je me suis aussi battu pour le maintien de l’impôt sur les successions. 

En outre, j’ai prouvé au cours de ma carrière que je parvenais à obtenir des résultats concrets en commençant par énoncer clairement les problèmes, puis en négociant des solutions avec d’autres forces politiques. Bâtir des ponts est en quelque sorte ma marque de fabrique. C’est ainsi que j’ai pu, en collaboration étroite avec Unia, faire annuler 120 licenciements dans la plus ancienne aciérie de Suisse, grâce à une baisse temporaire du prix de l’électricité. Enfin, mon expérience politique m’a appris à faire preuve d’endurance et de ténacité. Cela m’a permis, comme Président du groupe des Chambres fédérales, d’obtenir une commission d’enquête sur la faillite du Credit Suisse, puis ensuite la mise en évidence au sein de cette commission des graves lacunes de la régulation bancaire.

De mon point de vue, le rétablissement des finances n’est pas un but en soi, mais la condition pour garantir durablement le service public, les solidarités et de capacité d’investir dans l’avenir. Je pense en particulier à la formation et aux infrastructures nécessaires à la transition énergétique ou à la mobilité.

Notre canton, ses villes, ses campagnes, ses écoles et ses entreprises disposent d’atouts considérables. Il s’agit maintenant de les valoriser plutôt que de laisser le canton sombrer dans une forme de dépression.

Notre canton a besoin de perspectives positives, pour son propre bien, mais aussi pour la dynamique de toute la Suisse romande ! C’est ce que je souhaite apporter.

En vous remerciant de votre soutien, je vous adresse, Madame la Présidente, Chère Sarah, Chères et chers Camarades, mes salutations les meilleures.

Roger Nordmann